L’exploitation de son futur réseau ferroviaire électrique à grande vitesse en Egypte a été confiée à un consortium germano-égyptien composé de DB International Operations (filiale de Deutsche Bahn) et d’Elsewedy Electric, acteur majeur du secteur énergétique et industriel. Ce contrat d’une durée de 15 ans prévoit un transfert massif de compétences et impose que 95 % du personnel mobilisé soit égyptien, une exigence qui s’inscrit dans la stratégie nationale de montée en compétence et de souveraineté technologique.
Cette décision intervient alors que les autorités ont récemment lancé les premiers essais techniques de la ligne 1, marquant le début de la mise en service progressive d’un projet qui s’annonce comme l’un des réseaux ferroviaires les plus ambitieux du continent africain. Cette première ligne constitue le point d’ancrage d’un mégaprojet de près de 2 000 kilomètres, destiné à connecter des pôles économiques majeurs, des ports stratégiques et plusieurs zones touristiques de premier plan. Une fois opérationnel, ce réseau formera un maillage essentiel entre les principales régions du pays.
Le développement de cette infrastructure repose sur une collaboration étroite entre Siemens Mobility, responsable du matériel roulant et des systèmes, et deux grands groupes de construction égyptiens : Orascom Construction et The Arab Contractors. Trois types de trains seront progressivement déployés : les Velaro de Siemens pour la grande vitesse et les longues distances, les Desiro pour les dessertes régionales et les trajets intermédiaires, et les locomotives Vectron dédiées au transport de fret. Ce choix témoigne de la volonté d’offrir un réseau polyvalent, capable de répondre à la fois aux besoins de mobilité des voyageurs et aux exigences croissantes de la chaîne logistique nationale.
Inscrit dans la Vision 2030 du gouvernement égyptien, le projet répond à plusieurs priorités nationales : moderniser les infrastructures, renforcer la sécurité ferroviaire, améliorer la compétitivité logistique et stimuler la croissance économique. Depuis 2014, l’Égypte a engagé une réforme profonde de ses chemins de fer, un réseau longtemps marqué par des incidents répétés et une capacité insuffisante face à une population en forte expansion. L’introduction de la grande vitesse représente une transformation majeure, offrant des temps de trajet réduits, une fiabilité accrue et un confort nettement supérieur pour les usagers.
Les autorités estiment que la mise en service du nouveau réseau permettra de fluidifier les échanges commerciaux, de soutenir les grands projets économiques nationaux et de renforcer l’attractivité touristique d’un pays qui accueille déjà des millions de visiteurs chaque année. La connexion rapide entre les grandes métropoles, les sites archéologiques, les stations balnéaires et les hubs logistiques devrait redéfinir les dynamiques territoriales et soutenir une croissance plus équilibrée entre les régions.
Selon un observateur, en confiant l’exploitation à un consortium associant expertise allemande et savoir-faire égyptien, l’Égypte fait le choix d’un partenariat stratégique orienté vers le long terme. Le transfert de compétences prévu garantira une appropriation locale progressive du système, assurant la durabilité du projet au-delà du simple volet technologique. Avec ce mégaprojet ferroviaire, le pays s’affirme résolument comme un futur pôle régional de mobilité moderne et durable.
