La start-up ivoirienne Djamo poursuit sa progression. Le 11 septembre 2025, son cofondateur et directeur général, Hassan Bourgi, a annoncé l’obtention d’un agrément de microfinance délivré par la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Une décision qui ouvre de nouvelles perspectives pour cette fintech en pleine expansion.
Avec cette licence, Djamo peut désormais proposer des produits financiers réglementés, élargissant ainsi sa gamme de services. Les clients auront accès à un compte courant déplafonné, entièrement gérable en ligne, à un compte d’épargne rémunéré avec un taux pouvant atteindre 6 % l’an, ainsi qu’à des crédits de trésorerie allant jusqu’à 1 million FCFA. Jusque-là, la société se distinguait par ses solutions de paiement numérique, transfert de fonds et investissement sur la BRVM.
Fondée en 2020 par Hassan Bourgi et Régis Bamba, Djamo s’est rapidement imposée dans l’écosystème fintech ouest-africain. Son dynamisme a été renforcé par une levée de fonds record de 17 millions de dollars en avril 2025, menée par Janngo.africa et soutenue par des investisseurs de premier plan tels que Partech, Oikocredit, Enza Capital et Y Combinator. Cet investissement reste à ce jour la plus importante levée de capital-risque pour une start-up ivoirienne. Quelques mois plus tôt, la Caisse des dépôts et consignations de Côte d’Ivoire (CDC-CI) avait injecté 800 millions FCFA (1,2 million $) pour appuyer ses activités de monnaie électronique.
Depuis son lancement, Djamo affirme avoir traité plus de 4,5 milliards $ de transactions et accompagné plus de 10 000 PME en Afrique de l’Ouest. Sa croissance est impressionnante, avec un chiffre d’affaires multiplié par cinq depuis 2022. Pour consolider cette dynamique, le groupe a récemment nommé Elfried Didehia à la tête de Djamo Finance. Fort d’une expérience acquise au sein d’Ecobank, de BGFI Bank Europe et du groupe Cofina, il sera chargé de piloter les activités liées à la microfinance.
L’annonce de l’agrément intervient dans un contexte marqué par une profonde mutation du secteur. La BCEAO s’apprête à lancer, d’ici le 30 septembre 2025, une plateforme interopérable de paiement instantané reliant banques, institutions de microfinance et fintech agréées dans l’ensemble de l’UEMOA. Ce système devrait fluidifier les échanges financiers et favoriser une inclusion accrue des populations.
En Côte d’Ivoire, le marché de la microfinance connaît une croissance soutenue. Au premier trimestre 2025, le pays comptait 45 institutions actives, avec un encours de dépôts atteignant 647,3 milliards FCFA, en hausse de 4,4 % par rapport au trimestre précédent. Les crédits octroyés s’élevaient à 629,4 milliards FCFA, soit une progression de 3 %. Toutefois, le secteur reste dominé par quelques grands acteurs : l’Unacoopec-CI, qui détient près de 39 % de la clientèle, suivie de Baobab CI SA et d’Advans-CI SA.
Dans ce paysage concurrentiel, l’entrée de Djamo dans la microfinance réglementée illustre une volonté claire : diversifier l’offre, renforcer la bancarisation et capitaliser sur la digitalisation. Forte de son expertise technologique et de sa notoriété croissante, la fintech ambitionne de bousculer les acteurs traditionnels et de capter une part significative d’un marché en pleine expansion. "Avec l’agrément de la BCEAO, Djamo se positionne désormais comme un acteur incontournable de la transformation du paysage financier ouest-africain, où l’innovation devient le moteur principal de l’inclusion", a-t-on aussi fait savoir.