Considéré pendant de longues années comme un maillon faible de l’économie gabonaise, le secteur agricole, en particulier la filière café-cacao, connaît aujourd’hui un rebond notable. Raison pour laquelle les spécialistes estiment que c'est le créneau de choix pour booster le secteur de l'agribusiness et accélérer la diversification économique du pays.
Selon les données consolidées par le conseil d’administration de la Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab), réuni dernièrement à Libreville sous la présidence de Jean-Maurice Ayine, les ventes de café et de cacao ont bondi de 36 millions à 162 millions FCFA en l’espace d’un an. Cette progression de plus de 350 % est vue comme une étape décisive de franchie dans la relance agricole du pays et illustre l’impact tangible de la stratégie nationale de diversification économique.
Cette embellie ne relève pas du simple hasard. Elle est le fruit d’un changement profond dans la gouvernance du secteur agricole et d’une meilleure organisation de la filière. Le conseil d’administration de la Caistab a validé les états financiers de l’exercice 2024, qui affichent un résultat net excédentaire de plus de 2 milliards FCFA. Cette performance financière tranche avec les déficits chroniques qui, pendant des années, ont miné la crédibilité et la compétitivité du secteur. « Le résultat excédentaire enregistré constitue un signal fort pour les investisseurs et les partenaires techniques et financiers », a souligné un membre du conseil, estimant que cette dynamique de redressement ouvre de nouvelles perspectives pour l’agriculture gabonaise.
La nomination prochaine d’un commissaire aux comptes indépendant, une première dans l’histoire récente de la Caistab, vient renforcer cette volonté d’améliorer la transparence et la rigueur dans la gestion. Cette décision, saluée par plusieurs observateurs, pourrait contribuer à restaurer la confiance des acteurs privés et des bailleurs de fonds dans un secteur longtemps perçu comme peu attractif. Au-delà des chiffres, cette performance reflète la mise en œuvre d’une stratégie globale de restructuration de la filière café-cacao. Trois axes principaux ont été activés pour redynamiser ce secteur. Le premier concerne la relance des plantations : des incitations ciblées ont été mises en place pour encourager les petits exploitants à réinvestir dans la culture du café et du cacao. Ces mesures visent à stimuler la production locale et à améliorer les revenus des producteurs.
Le second axe concerne le renforcement des capacités techniques : des programmes de formation orientés vers la qualité ont été développés afin d’améliorer les pratiques culturales et d’assurer une meilleure compétitivité des produits gabonais sur le marché. Enfin, le troisième axe concerne la révision de la stratégie commerciale : le Gabon a réorienté sa filière vers les marchés sous-régionaux et internationaux où la demande pour le café et le cacao est en forte croissance. Cette ouverture à de nouveaux débouchés permet de mieux valoriser la production nationale et d’accroître les recettes d’exportation.
" Parier sur le café-cacao s’inscrit dans un cadre plus large : celui de la stratégie de diversification économique menée par les autorités. Face à la dépendance historique du pays aux revenus pétroliers, le développement du secteur agricole apparaît comme une priorité pour renforcer la résilience de l’économie et créer des emplois durables", soutient pour sa part un opérateur économique membre de la Fédération des Entreprises du Gabon. Les résultats obtenus en 2024 démontrent que cette vision est en train de porter ses fruits. La hausse des ventes et le retour à un excédent budgétaire au sein de la Caistab constituent un message clair : l’agriculture gabonaise en général et la filière café - cacao en particulier peuvent redevenir un pilier de la croissance économique.