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ATTRACTIVITE | L’Afrique veut maintenir le cap

 

L’African Investment Forum (AIF) qui vient de se tenir à Abidjan, en Côte d’Ivoire, a été une occasion d’apprécier le degré d’attractivité du continent après le choc pandémique et les conséquences de la guerre russo-ukrainienne. Et selon la Banque africaine de développement, l’Afrique demeure attractive pour les investisseurs, malgré des contextes locaux et géopolitiques parfois complexes.

« L’Afrique fait face à des chocs exogènes qui impactent négativement sa croissance et son développement socioéconomique », a-t-on constaté avant de noter que, malgré cela, le continent africain dispose d’énormes potentialités et reste une destination attractive pour les investisseurs, malgré des contextes nationaux complexes et les changements géopolitiques.

La pandémie du Covid-19 a notamment compromis la croissance soutenue qu’enregistrait le continent depuis un quart de siècle et la guerre russo-ukrainienne fait peser la menace d’une crise alimentaire aiguë sur les populations africaines. Ce sont là quelques-uns des points relevés jeudi 3 novembre 2022, lors d’une session organisée à l’occasion de la troisième édition de l’Africa Investment Forum, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Intitulée « Commerce et investissement - Comment l'Afrique peut-elle être plus compétitive dans un contexte mondial ? », la session a été marquée par des déclarations préliminaires du ministre ivoirien chargé du Commerce, Souleymane Diarrassouba, du président de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank) Benedict Okey Oramah, et du secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine, Wamkele Mene.

Un panel a ensuite réuni Admassu Tadesse, président de la Trade and Development Bank (la banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est), Rajakumari Jandhyala, présidente de YAATRA Ventures (une plate-forme qui offre aux investisseurs une approche particulière pour déployer des capitaux dans l'énergie, les infrastructures et les opportunités à valeur ajoutée en Afrique et sur les marchés émergents), Mohan Vivekanandan, directeur de la Development Bank of Southern Africa (banque de développement d'Afrique du Sud) et Bernard Ayitée, président-directeur général d’Obara Capital (un fond d’investissement qui offre des solutions et des financement alternatifs aux entreprises et aux pays africains).


Investir dans la jeunesse africaine


Les différentes interventions ont abouti au constat selon lequel, avec une population majoritairement jeune, un quart de la population mondiale qui devrait vivre en Afrique d'ici à 2050 et la Zone de libre-échange continentale africaine qui progresse, le potentiel du continent dans l'économie mondiale augmente. Le continent recèle 65 % des terres arables non exploitées du monde, des minéraux dont certains (cobalt, lithium) sont indispensables pour la production de batteries, et est leader mondial pour certains produits agricoles (cacao, café, coton, huiles essentielles, acajou).






Autre remarque : l’Afrique affiche des coûts de production relativement bas. Ce qui fait d’elle la région la plus rentable au monde. Le président d’Afreximbank a plaidé pour que change enfin le discours qui tend à marginaliser le continent et appelé les pays africains à redoubler d’efforts pour que la zone de libre-échange devienne totalement opérationnelle. Et ne plus être à la traîne en matière d’intégration régionale par rapport aux autres régions du monde. Représentant un marché de 1,3 milliard de consommateurs, cette zone de libre-échange va rendre le continent plus compétitif à l'échelle mondiale pour les investissements étrangers directs et libérer les flux commerciaux, a argué, pour sa part, Wamkele Mene, avant de souligner que certains coûts des transactions avaient déjà baissé, depuis l’entrée en vigueur de l’accord. Il a annoncé la tenue de la 3e Foire commerciale interafricaine, ce mois de novembre à Abidjan. Selon lui, les pays africains doivent développer les chaînes de valeur dans des secteurs productifs comme l’agriculture, les mines ou l’énergie.

Les responsables d’établissements bancaires et financiers ont, quant à eux, mis l’accent sur la manière dont le continent peut tirer parti de politiques commerciales ambitieuses et des innovations dans les services financiers, pour faciliter les flux de capitaux vers des projets de développement. Ils ont souligné les progrès importants réalisés par les institutions bancaires en matière d’investissement dans les infrastructures.  Le patron de la Trade and Development Bank a cité des investissements dans des projets gaziers au Mozambique et d’énergie thermique en Tanzanie. « L’espoir est permis. Le niveau de collaboration et de cofinancement est élevé », a assuré Admassu Tadesse. YaatraVentures a fait cas de ses investissements dans la sécurité énergétique en Ouganda, soulignant que la perception des risques par les investisseurs africains diffère de celle des investisseurs occidentaux.

Si les institutions financières africaines ont un vrai rôle à jouer pour les investissements à long terme sur le continent, il revient aux pays africains de créer un environnement propice pour attirer les investissements nationaux et internationaux, sont convenus les panélistes.

 
Adaptation au climat
 
Mais si l’Afrique demeure attractive, elle est aussi confrontée à un cruel déficit en matière de financement de l'adaptation au climat d'après le nouveau Rapport de 2022 sur l’état et les tendances de l’adaptation en Afrique du Global Center on Adaptation. Le rapport révèle le financement cumulé de l'adaptation prévu avant 2030 représentera moins d'un quart des besoins prévisionnels énoncés par les pays africains dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), à moins que des fonds supplémentaires ne soient garantis en faveur de l'adaptation climatique.






En 2019 et 2020, une somme estimée à 11,4 milliards de dollars aurait été allouée au financement de l'adaptation climatique en Afrique, dont plus de 97 % proviennent d'acteurs publics et moins de 3 % d'acteurs du secteur privé. Cette somme est largement inférieure aux 52,7 milliards de dollars par an d'ici 2030 estimés nécessaires pour les pays africains. Afin de renforcer le volume et l'efficacité des flux de financement de l'adaptation en Afrique pendant les dix prochaines années, le rapport formule un certain nombre de recommandations l’incorporation de la notion de résilience dans les investissements qu'elles réalisent, la création d’un environnement favorable aux investissements en matière d'adaptation ou encore l'innovation financière pour l'adaptation devant refléter les politiques et les conditions du marché au niveau national.
 
Patrick Verkooijen, PDG du Global Center on Adaptation (GCA), a déclaré que 

« le financement de l'adaptation progresse trop lentement pour permettre de combler le déficit d'investissement en Afrique, alors même que les frais de notre inaction ne cessent d'augmenter. Dans la perspective de la COP27, nous devons susciter un élan décisif en faveur du financement de l'adaptation au changement climatique. Le programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, soutenu par l'Union africaine, est le meilleur moyen à notre disposition pour faire en sorte que le déficit d'investissement dans l'adaptation en Afrique se résorbe grâce à l'action de toutes les sources disponibles, y compris le secteur privé ».

 

Mobiliser 40 milliards USD


 


Amina Mohammed, secrétaire générale adjointe des Nations unies, a soutenu, pour sa part, que 

« la COP27 doit marquer un tournant. Les pays développés doivent présenter des plans convaincants pour doubler le financement de l'adaptation et le porter à 40 milliards de dollars par an d'ici à 2025 ».

Et a préconisé un nouveau modèle économique pour assurer le financement de l'adaptation en transformant les priorités en matière d'adaptation en filières d'investissement consacrées aux projets.
 
Pour Akinwumi Adesina, Président de la Banque africaine de développement, le Global Center on Adaptation réalise un travail incroyable pour déterminer quels sont les besoins et comment créer des infrastructures adaptées au climat. « Le dispositif [de financement] en amont du Global Center on Adaptation mène déjà un important travail d'analyse pour aider les pays à introduire la résilience climatique dans les infrastructures, dans l'agriculture et à généraliser le financement climatique dans les organismes nationaux, mais aussi dans le financement des grandes banques multilatérales de développement ».
 
A savoir que le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique (AAAP) a été élaboré par la Banque africaine de développement et le Global Center on Adaptation (GCA) et vise à recueillir 25 milliards de dollars d'ici 2025 pour mettre en œuvre, élargir et accélérer l'adaptation climatique sur le continent africain. L'AAAP travaille sur quatre piliers interconnectés audacieux pour obtenir des résultats transformationnels : les technologies numériques intelligentes face au climat pour l'agriculture et la sécurité alimentaire ; l'accélérateur de résilience des infrastructures africaines ; l'autonomisation des jeunes pour l'entrepreneuriat et la création d'emplois dans l'adaptation au climat et la résilience et les initiatives financières innovantes pour l'Afrique. L'AAAP a déjà encadré plus de 3,5 milliards de dollars d'investissements en amont dans 19 pays, et chaque dollar dépensé génère 100 dollars en aval.
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