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CULTURE ET BUSINESS | Reed Hastings, Netflix et l’Afrique



Wilmot Reed Hastings Jr, le devenu célébrissime fondateur de Netflix, qui a su transformer une modeste entreprise de location de DVD en un mastodonte mondial de la VOD, est un passionné des mathématiques depuis son jeune âge. Dans les années 80, il a passé plus de deux ans au Swaziland pour y enseigner cette matière avec les volontaires du Peace Corps. L’homme d’affaires, également membre du conseil d’administration de Facebook, aime à rappeler cette parenthèse africaine qui a été pour lui une vraie source d’inspiration.

C’est après son passage au Swaziland qu’il décide de reprendre les cours pour décrocher un diplôme d'intelligence artificielle à l'Université Stanford et fonder, en octobre 1991, Pure Software, une firme dont le but était de faciliter l'utilisation du système d'exploitation Unix, puis Netflix 6 ans après. Reed Hastings est intimement convaincu d’une chose : le principal avantage de Netflix sur les autres, c’est sa culture, celle  qui  « valorise  les  gens  plus  que  les  process  et l’innovation  plus  que  l’efficacité  ;  et  très  peu  de  règles ». Une manière de voir les choses que l’on peut souvent retrouver sur le continent noir.

Il est par ailleurs intéressant de savoir que quand Reed Hastings voulait écrire un livre sur « Netflix et la culture de la réinvention », il s’était tourné vers Erin  Meyer,  dont  il avait  lu  l’ouvrage  (« La  Carte  des différences culturelles, 8 clés pour travailler à l’international »). Professeure à l’INSEAD,  l’Institut  européen  d’administration  des  affaires, sélectionnée  par  Thinkers50  comme  l’une  des  penseuses  des  affaires  les plus  novatrices  au  monde, contributrice régulière dans  la  Harvard Business  Review …,  elle avait aussi été  professeure  volontaire  pour  les  Peace  Corps,  dix  ans  après  Reed, en en Afrique Australe. Ce dernier critère avait certainement beaucoup pesé dans la balance.

« Ma  toute  première  expérience  à  l’international  remonte  à  1983 lorsque je me suis installé dans une zone rurale du Swaziland, en tant  que  volontaire  des  Peace  Corps  ;  c’est  celle  qui  m’a  le  plus appris.  Il  m’a  suffi  de  quelques  semaines  pour  intégrer  cette  réalité  :  je comprenais et envisageais la vie très différemment des gens autour de moi », a-t-il raconté dans le livre.

Quand l’Afrique enseigne l’adaptation


Au Swaziland, Hastings enseignait  les  maths à des lycéens  de 16 ans. Et ses toutes premières expériences lui ont apprises qu’il ne  pouvait  pas  plaquer  son  mode  de  vie  sur  la culture  d’un  autre  pays.  La première année, il vivait avec une famille à environ 3 km de l'école et adorait « marcher dans de magnifiques vallées deux fois par jour ». La deuxième année, il avait vécu à l'école avec les autres professeurs et avait « passé ses après-midi à jouer aux cartes et à boire de la bière… » Et lui de décréter que pour  être  efficace,  il fallait  réfléchir  aux adaptations nécessaires pour obtenir les résultats attendus…

À Ntonjeni, la petite ville rurale qui l’accueillait, Hastings n’était pas passé à coté des opportunités pour muscler sa capacité d’innover et épicer son quotidien qu’il trouvait parfois ennuyeuse. Voyant les villageois peiner à transporter l'eau jusqu'à l'école située au sommet d'une colline, il écrivait : «Superbe vue, brises fraîches, mais avoir de l'eau là-haut est une vraie salope.» 

Aussi, pour que les gens ne se ruinent plus pour des pompes à eau qui sont «chères et réputées pour leur panne», Hastings avait élaboré un plan pour construire des réservoirs pour recueillir l'eau de pluie au sommet de la colline. Hastings avait rendu sa contribution durable en impliquant les membres de la communauté dans le processus, et écrivait: «La parabole sur le fait d'apprendre à quelqu'un à pêcher plutôt que de capturer du poisson pour eux est une grande philosophie ici ». 

Il s'était également impliqué dans l'entreprise de récolte du miel des abeilles tueuses africaines, un projet qu'il décrira comme une «soupape d'échappement». Pour cette initiative, il avait monté un dossier et une stratégie de lobbying afin d’obtenir l'aide des États-Unis pour que les Swazis puissent créer leurs propres entreprises apicoles « sûres et productives ». L'aide a été accordée et Hastings, avec l’appui d'un professeur d'agriculture, a donné un cours d'introduction sur « la façon de construire des ruches, de gérer les abeilles et de commercialiser le miel». 

L’Afrique, pour le milliardaire, c’était aussi et surtout les  anecdotes  pittoresques  dont le grave accident  de  la  route  survenu  à  l’époque  où  il  voyageait  en  stop  en compagnie d’une ancienne petite amie. De retour aux États-Unis, incertain de connaître un jour la même liberté qu'il avait au Swaziland, il se demandait dans l’une de ses lettres s’il pouvait un jour « courir à travers la savane chaude, torse nu, ronronnement de motocyclette, admirant les acacias annonçant " c'est l'Afrique? " J'espère." « De Bowdoin (son ancienne université) à l'Afrique en passant par les écrans d'ordinateurs à travers le pays, Hastings et son esprit d'entreprise ont laissé leur empreinte sur presque tout ce qu'ils ont rencontré. Pourtant, Hastings ne s'y attendait pas », peut-on lire, par ailleurs, sur le site sur le site d’information de Bowdoin Orient.

Netflix en Afrique


Si le continent a apporté à Hastings un certain nombre d’idées pour concevoir notamment la fameuse culture d’entreprise de Netflix, qu’en est-il aujourd’hui de l’approche du géant mondial pour séduire les Africains ? 

En octobre 2020, quatre ans après avoir officialisé son entrée sur le marché africain, la société de Reed Hastings a annoncé  avoir amorcé une série de partenariats avec les opérateurs télécoms du continent. Une initiative qui vise à simplifier les paiements pour les prestations de visionnement en ligne de films et de séries télévisées. Netflix a indiqué qu’à travers ces partenariats, les abonnés des sociétés de télécommunications pourront ajouter l’abonnement Netflix à leur facture. Et la société n’a pas manqué de déplorer la lenteur et la cherté des services internet ainsi que le manque d’infrastructures adéquates de paiements en Afrique. Pour faire face au prix « prohibitif » de l’Internet haut-débit, la plateforme veut alors permettre les téléchargements via Wi-Fi pour une visualisation hors Internet. Bref, toujours ce souci permanent, pour ne pas dire obsessionnel, de s’adapter au mieux aux spécificités locales.

« Nous souhaitons mettre en avant des histoires optimistes, fascinantes, les meilleures. […] Nous voulons vraiment offrir un contenu varié : de la série romantique de suspens aux films d’action, en passant par des thrillers ou de l’animation. Mais surtout, nous voulons faire des comédies parce qu’on rit tous les jours en Afrique. Il y a tellement de choses que l’Afrique peut montrer au reste du monde », assure pour sa part Dorothy Ghettuba, la patronne des séries originales africaines de Netflix.

Côté jardin, My Octopus Teacher, le film documentaire sud-africain réalisé par Pippa Ehrlich et James Reed, sorti en 2020 sur Netflix, a été sélectionné pour les Oscars et dispose de sérieuses chances de décrocher la Graal le 26 avril prochain.

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