Une conférence réunissant des responsables gouvernementaux africains, des institutions scientifiques, des partenaires de développement et des organisations internationales provenant de 23 pays a lancé un appel fort en faveur du renforcement de l’intelligence climat– santé. Les participants ont souligné que les pays resteront exposés aux aléas climatiques tant qu’ils ne disposeront pas de systèmes robustes permettant de mesurer l’impact du changement climatique sur la santé humaine.
Dans un communiqué, les organisateurs de la conférence ont noté que cet appel conclut trois jours de dialogue et d’échanges techniques tenus à Kigali du 3 au 5 décembre 2025 lors de la Conférence sur les Standards for Official Statistics on Climate–Health Interactions (SOSCHI). Alors que le changement climatique entraîne déjà des conséquences sanitaires majeures à travers l’Afrique, la plupart des pays continuent de collecter séparément les données liées au climat et à la santé. Pour quantifier de manière fiable les risques et protéger les populations vulnérables, des indicateurs comparables sont indispensables afin d’éclairer la préparation, d’informer les politiques publiques et de guider l’allocation des ressources pour l’adaptation.
Le communiqué adopté à Kigali souligne aussi que le renforcement de l’intelligence climat–santé consolidera les stratégies nationales existantes tout en ouvrant de nouvelles possibilités pour des interventions ciblées, la construction de la résilience et la mise en place de systèmes d’alerte précoce. Il met en avant “la nécessité urgente de disposer d’informations plus robustes sur les impacts sanitaires des aléas climatiques afin de renforcer les politiques nationales et d’orienter les interventions ciblées.” Les délégués ont convenu que des indicateurs fiables sur les interactions climat–santé sont essentiels pour passer d’approches réactives à une planification proactive, fondée sur des données probantes.
Rappel a été fait en outre que les données brutes ne suffisent pas : les décideurs ont besoin d’indicateurs harmonisés permettant de comprendre où et comment les aléas climatiques affectent la santé, comment les schémas de maladies évoluent, et où les efforts d’adaptation peuvent produire le plus grand impact. Dans cette optique, les participants se sont engagés à intégrer les indicateurs SOSCHI dans leurs systèmes statistiques nationaux, en accordant une attention particulière aux phénomènes météorologiques extrêmes, aux maladies hydriques, aux maladies à transmission vectorielle et à la santé mentale.
Enfin, la question de la durabilité est ressortie comme un thème transversal essentiel. Les participants ont souligné que le suivi des interactions climat–santé ne peut dépendre de projets à court terme, mais doit s’appuyer sur un financement national durable, des compétences renforcées et des systèmes capables de perdurer à travers les cycles politiques et financiers. Le renforcement des systèmes d’état civil et de statistiques vitales, l’amélioration de la rapidité des données sanitaires et le développement de la surveillance environnementale et météorologique ont été identifiés comme des piliers pour une intelligence climat–santé pérenne. Le partage de données et l’interopérabilité des systèmes ont également été jugés incontournables, dans la mesure où les indicateurs climat–santé reposent sur des ensembles de données multisectorielles rarement analysées conjointement.
