Le cancer du col de l’utérus demeure l’un des fléaux sanitaires les plus meurtriers pour les femmes en Afrique. Sur les vingt pays les plus touchés au monde, dix-neuf se situent en Afrique subsaharienne. Cette maladie frappe souvent des femmes dans la trentaine ou la quarantaine, à un moment de leur vie où elles jouent un rôle central au sein de leur famille, de leur communauté et de l’économie locale. Le drame est d’autant plus poignant que la majorité de ces cancers — près de 99 % — sont causés par le papillomavirus humain (HPV), une infection aujourd’hui largement évitable grâce à la vaccination.
L’exemple des pays ayant introduit le vaccin contre le HPV il y a deux décennies montre une évolution très encourageante : la baisse spectaculaire de l’incidence du cancer du col, parfois jusqu’à des niveaux proches de zéro. Cette réussite offre un espoir concret pour les pays africains qui, depuis quelques années, s’engagent à déployer le vaccin à grande échelle. Les résultats ne seront visibles que sur le long terme, mais les experts estiment que l’Afrique pourrait, dans les prochaines décennies, vivre une transformation profonde en matière de prévention de cette maladie.
Selon les données les plus récentes, le continent est même en tête de l’adoption du vaccin HPV. À ce jour, 32 pays africains l’ont déjà introduit dans leurs programmes nationaux de vaccination, tandis que d’autres, notamment Djibouti et le Bénin, se préparent à franchir ce cap. En 2024, 47 % des filles éligibles avaient déjà été vaccinées, un taux remarquable et l’un des plus élevés au monde — supérieur à ceux observés en Europe et en Asie du Sud-Est. Cette progression témoigne de l’engagement des gouvernements, mais aussi de la forte mobilisation des partenaires internationaux et des communautés locales.
Les perspectives sont également très encourageantes pour les années à venir. D’ici fin 2025, le vaccin devrait être disponible dans des pays représentant 89 % de la charge mondiale du cancer du col de l’utérus. Un tel déploiement permettra de toucher les populations les plus exposées, notamment les jeunes filles vivant dans les régions rurales et reculées, où les risques d’inégalités d’accès aux soins sont les plus marqués. Les pays soutenus par Gavi, l’Alliance du Vaccin, enregistrent des avancées rapides en matière d’équité vaccinale. Fin 2024, leur taux de couverture atteignait 25 %, soit seulement trois points en dessous de la moyenne mondiale (28 %), un écart qui continue de se réduire grâce au passage au schéma vaccinal à dose unique. Cette simplification logistique permet aux pays à ressources limitées de vacciner davantage de jeunes filles, tout en réduisant les coûts et les contraintes opérationnelles.
La dynamique actuelle reflète une véritable volonté politique, renforcée par des stratégies de communication adaptées aux réalités locales. De nombreux pays misent notamment sur les campagnes communautaires, l’implication des écoles, ainsi que la sensibilisation des parents et des leaders locaux pour lever les dernières réticences. " À l’heure où l’Afrique porte le fardeau le plus lourd du cancer du col de l’utérus, le continent fait aussi preuve d’un leadership inédit dans la prévention. Avec une mobilisation collective soutenue, la prochaine génération de femmes africaines pourrait être la première à ne presque plus connaître cette maladie évitable", estime GAVI.
