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RENTREE LITTERAIRE | Trois livres à l'affiche

Comme chaque automne, la rentrée littéraire française ouvre ses pages aux voix du monde, et cette année encore, les auteurs africains s’y distinguent avec une intensité rare. Parmi les centaines d’ouvrages parus, trois livres se démarquent particulièrement : "Vibrato" du Nigérian Teju Cole, "Le Fardeau" du Franco-Ivoirien Matthieu Niango et "Aucune nuit ne sera noire" de la Sénégalaise Fatou Diome. Trois œuvres très différentes, mais unies par une même quête : celle de la mémoire, de l’identité et de la transmission.


Comme chaque automne, la rentrée littéraire française ouvre ses pages aux voix du monde, et cette année encore, les auteurs africains s’y distinguent avec une intensité rare. Parmi les centaines d’ouvrages parus, trois livres se démarquent particulièrement : "Vibrato" du Nigérian Teju Cole, "Le Fardeau" du Franco-Ivoirien Matthieu Niango et "Aucune nuit ne sera noire" de la Sénégalaise Fatou Diome. Trois œuvres très différentes, mais unies par une même quête : celle de la mémoire, de l’identité et de la transmission.


Avec Vibrato, Teju Cole signe son grand retour à la fiction après plus de dix ans de silence romanesque. L’écrivain, critique d’art et photographe nigérian, propose un texte hybride, à la croisée du roman, de l’essai et de la méditation poétique. On y suit Tunde, double à peine voilé de l’auteur, en pleine crise existentielle, oscillant entre solitude, deuil et observation du monde. La narration se construit en fragments, comme un album de souvenirs où s’entremêlent scènes de musée, réflexions sur les Bronzes du Bénin, sur Turner, sur la photographie et sur la place des Noirs dans les sociétés occidentales. Chaque épisode, chaque silence, devient matière à introspection. Cole ne cherche pas à divertir, mais à questionner : comment représenter la douleur sans la trahir ? Comment créer sans dominer ? Sa prose, limpide et rigoureuse, fait vibrer les mots jusqu’à l’essentiel. Vibrato est un livre qui pense autant qu’il ressent, une œuvre d’une élégance grave, déjà promise à une place à part dans la littérature contemporaine.


Avec Le Fardeau, Matthieu Niango s’impose comme une des révélations de cette rentrée. Le romancier franco-ivoirien explore les méandres d’une histoire familiale bouleversante, où les secrets enfouis viennent fissurer les certitudes identitaires. Tout commence lors des obsèques de sa grand-mère, quand la mère de l’auteur apprend qu’elle a été adoptée enfant. Ce point de bascule entraîne une quête vertigineuse : sa mère biologique serait née dans un centre Lebensborn nazi, fille d’une Juive hongroise et d’un officier allemand. Dès lors, Niango se retrouve porteur d’un héritage multiple — africain, européen, juif et allemand — qui devient autant un poids qu’une source de réinvention. L’écriture, subtile et sans pathos, mêle archives, réflexions, souvenirs et imagination pour dire l’indicible. Le Fardeau dépasse la simple enquête généalogique pour devenir une méditation sur la mémoire collective et la transmission des traumatismes. C’est un livre d’une profondeur rare, qui interroge les frontières entre la vérité historique et la liberté intérieure, entre le legs des ancêtres et la possibilité d’un nouveau commencement.


Des livres qui explorent les mêmes abîmes...


Enfin, Aucune nuit ne sera noire marque le retour d’une grande voix : celle de Fatou Diome. L’auteure de Le ventre de l’Atlantique y livre un texte intime et pudique, tissé de souvenirs, de gratitude et de poésie. Tout part de l’enterrement de sa mère, qui devient un moment de reconnection avec son île natale de Niodior et avec la mémoire de son grand-père, Salou Ndoukou Sar, pêcheur et sage dont les enseignements continuent d’éclairer sa vie. À travers ce récit, Fatou Diome médite sur la filiation, la transmission et le rôle des anciens dans la construction de soi. Sa langue, douce et retenue, refuse l’emphase pour mieux saisir la vérité des émotions. Chaque page est traversée par la lumière du souvenir, cette clarté fragile qui empêche que la nuit ne soit jamais totalement noire. Ce texte, empreint de tendresse, réconcilie passé et présent, intime et collectif. Il s’impose comme un chant de reconnaissance et de résistance face à l’oubli.


À travers Vibrato, Le Fardeau et Aucune nuit ne sera noire, la littérature africaine démontre une fois de plus sa vitalité et sa profondeur. Ces trois livres, bien que différents dans leur ton et leur forme, explorent les mêmes abîmes : la mémoire, la filiation, la place de l’individu face à l’histoire. D’autres ouvrages africains ont également retenu l’attention de la rédaction, comme "Le corbeau qui m’aimait" d’Abdelaziz Baraka Sakin, "Où s’adosse le ciel" de David Diop ou encore "L’homme qui lisait des livres" de Rachid Benzine. Des œuvres phares qui incarnent, chacune à leur manière, le souffle neuf et universel d’une littérature africaine qui ne cesse de se réinventer.

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