Les échanges commerciaux au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC ne cesse de monter en dynamisme. Selon un communiqué publié le 29 septembre 2025 par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), ils ont progressé de 22 % par rapport à l’année précédente, dépassant pour la première fois la barre des 11 milliards de dollars.
Selon les analystes, cette performance confirme le rôle croissant de l’intégration régionale dans la transformation économique du continent et de la partie orientale de l'Afrique en particulier. La progression est portée principalement par les produits agricoles et manufacturés, notamment les textiles, les produits chimiques, le ciment et les produits pharmaceutiques. Cette dynamique illustre le potentiel des chaînes de valeur régionales qui se renforcent à mesure que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) poursuit sa mise en œuvre. En favorisant la spécialisation et la complémentarité entre pays, la ZLECAf contribue à diversifier les exportations et à réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
Cette avancée revêt une importance particulière dans un contexte marqué par les tensions commerciales avec les États-Unis, qui ont relevé leurs droits de douane sur plusieurs produits africains. Pour de nombreux pays du continent, la montée en puissance des échanges intra-africains constitue une alternative stratégique afin d’amortir l’impact des décisions unilatérales des grandes puissances économiques. D’après la CEA, le commerce intra-africain a progressé de 8,5 % en 2024, bien au-delà de la croissance marginale de 0,4 % des exportations vers les marchés hors d’Afrique.
Au sein de l’EAC, la volonté politique d’accompagner cette dynamique est manifeste. La Communauté a adopté un tarif extérieur commun (TEC) de 35 %, applicable à l’ensemble des produits importés dans la région. Cette mesure vise à protéger les industries locales contre la concurrence étrangère et à encourager la consommation de biens fabriqués sur le continent. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large de substitution aux importations et de montée en gamme industrielle. Par ailleurs, l’intégration monétaire reste un horizon stratégique pour les États de l’EAC. Un objectif de doter la région d’une monnaie unique d’ici à 2026, afin de faciliter les transactions et réduire les coûts liés aux fluctuations des devises, a été annoncé. Toutefois, ce calendrier ambitieux a été repoussé à 2031.
L’essor des échanges au sein de l’EAC reflète également une tendance plus large en Afrique. En 2024, les échanges intra-africains ont progressé de 7,7 %, confirmant une dynamique positive liée à la mise en œuvre graduelle de la ZLECAf. Cette progression contribue à bâtir un marché continental plus intégré, où les opportunités économiques reposent davantage sur la coopération entre voisins que sur la dépendance aux marchés mondiaux. "L’Afrique de l’Est peut non seulement accroître la résilience de son économie face aux chocs extérieurs, mais aussi devenir un moteur d’intégration continentale. Toutefois, la pérennisation de cette croissance dépendra de la capacité des États membres à renforcer les infrastructures, à harmoniser leurs politiques et à maintenir un climat d’affaires attractif", a-t-on aussi fait savoir.