Le 25 septembre dernier, le groupe agroindustriel italien Bonifiche Ferraresi (BF) a signé avec l'Etat ivoirien une convention d’investissement d’un montant de 134 millions d’euros (soit environ 156,8 millions de dollars). L’accord prévoit l’installation et le développement d’une ferme pilote sur un domaine de 10 000 hectares à Tagadi, dans la sous-préfecture de Sorobango, située au nord du pays.
Selon les explications fournies, ce partenariat s’inscrit dans une vision à long terme : réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations de denrées alimentaires, tout en stimulant la production locale. " Le projet ne se limitera pas aux grandes cultures céréalières comme le blé et le riz, mais valorisera également des produits vivriers tels que l’igname, le maïs, le mil, le piment ou encore l’aubergine. Ces cultures, essentielles à l’alimentation des ménages, constituent également des leviers économiques pour les communautés rurales", a-t-on aussi fait savoir dans un communiqué.
Pour l’heure, les détails relatifs au calendrier de mise en œuvre et au démarrage effectif des activités n’ont pas encore été communiqués. Du côté de l’État ivoirien, on indique que cette annonce traduit la volonté du gouvernement de s’appuyer sur des partenariats internationaux pour accroître les capacités de production agricole du pays et assurer une meilleure résilience face aux fluctuations des marchés mondiaux. L’enjeu est de taille. Selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), publié en juillet 2025, la Côte d’Ivoire a importé en moyenne pour 2,90 milliards de dollars de denrées alimentaires entre 2021 et 2023. Parmi les produits les plus achetés à l’étranger figurent le riz, le blé tendre et les farines alimentaires, des biens dont la consommation ne cesse de croître avec l’urbanisation et l’évolution des habitudes alimentaires.
Pour Bonifiche Ferraresi, ce projet ivoirien représente une opportunité stratégique. Le groupe agroindustriel, déjà présent sur plusieurs continents, multiplie ses investissements en Afrique de l’Ouest. L’entreprise cherche à capter une partie des importantes dépenses consacrées aux importations alimentaires dans la région et à s’ancrer durablement sur un marché en forte expansion démographique. Depuis août 2024, BF est engagé au Ghana, dans la région de la Volta, où il développe un domaine agricole de 5 000 hectares à Aveyime-Battor, pour un investissement estimé à 98,5 millions de dollars. Plus récemment, en avril 2025, un protocole d’accord a été signé avec la commune de Kaour au Sénégal, pour la création d’un projet agroindustriel similaire couvrant 10 000 hectares. Avec l’ajout du projet ivoirien, le groupe affiche désormais une présence active dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, consolidant son positionnement régional.
Au-delà de l’apport financier et technologique, ces investissements posent également la question des retombées sociales et économiques. Les projets devraient générer des emplois locaux, transférer des compétences et dynamiser les zones rurales concernées. Toutefois, certains observateurs estiment que la réussite dépendra aussi de la capacité des autorités à encadrer ces initiatives afin de garantir un partage équitable des bénéfices entre investisseurs et populations locales. Avec la signature de cette convention, l'entreprise affirme que la Côte d’Ivoire peut démontrer que l’agriculture reste au cœur de sa stratégie de développement, et l’ouverture à des partenariats internationaux constitue un levier essentiel pour moderniser le secteur, réduire la dépendance aux importations et bâtir une sécurité alimentaire durable.
