L'île de océan Indien est appelée à accélérer les réformes structurelles pour libérer son vaste potentiel de capital et faire progresser sa croissance durable à long terme. Car si le pays continue d’afficher de solides performances économiques - croissance du PIB réel de 4,9 % en 2024, en légère baisse par rapport aux 5 % de 2023 -, les contraintes structurelles et les chocs extérieurs continuent de saper sa trajectoire de croissance.
Selon les analystes, les principaux moteurs de la croissance mauricienne en 2024 ont été la construction, les services financiers, le commerce et le tourisme, où les arrivées ont atteint 1,38 million, soit 97 % des niveaux d’avant la pandémie. Du côté de la demande, la consommation et l’investissement ont été les principaux contributeurs à la croissance. Malgré les défis persistants, l’important potentiel de Maurice devrait être mieux exploité. En 2020, la richesse nationale totale du pays insulaire a été estimée à plus de 96 milliards de dollars — plus de six fois son PIB — comprenant le capital humain, financier, naturel et produit. En outre, les vastes ressources de l’économie océanique de Maurice, dans sa zone économique exclusive de 2,3 millions de km², offrent d’immenses possibilités de développement d’une économie bleue durable.
Selon Mahess Rawoteea, secrétaire adjoint aux finances, les autorités sont convaincues que les réformes structurelles décrites dans le discours sur le budget 2025-2026 permettront de débloquer des investissements importants, notamment dans les énergies renouvelables, et contribueront à une croissance plus élevée du PIB. Il a aussi souligné le rôle central du capital humain dans le développement de l'île Maurice, tout en reconnaissant les défis persistants, tels que la qualité de l’éducation, l’inadéquation des compétences, la faible participation des femmes au marché du travail, les évolutions démographiques et l’émigration des jeunes. Il a annoncé la création d’une Unité de financement climatique au sein du ministère des Finances afin de combler le déficit de financement climatique du pays.
« Maurice entreprend des réformes institutionnelles pour mieux mobiliser les capitaux nationaux et étrangers et promouvoir le développement durable, a-t-il ajouté. Nous rationalisons les processus, améliorons la transparence et facilitons les affaires. La protection de l’environnement, notamment la lutte contre l’érosion des plages, est également une priorité essentielle. » Une annonce saluée par Kevin Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque Africaine de Développement, chargé de la Gouvernance économique et la Gestion des connaissances, qui a également souligné le potentiel de transformation plus vaste de l’Afrique. « Si l’Afrique s’engage à investir dans son propre développement et à gérer efficacement ses actifs, elle peut réduire sa dépendance extérieure et mobiliser son énorme capital pour une croissance transformatrice », a-t-il déclaré.
Notons enfin que le Groupe de la Banque Africaine de Développement préconise dans son rapport économique 2025 des réformes audacieuses pour débloquer des capitaux et accélérer la croissance durable de Maurice. Un appel dans ce sens a été lancé officiellement lors de la présentation du Rapport économique pays 2025 de la Banque pour l’Île Maurice, intitulé « Tirer le meilleur parti du capital de Maurice pour favoriser son développement. » Pour sa part, M.Rawoteea a remercié la BAD pour son soutien, notamment pour la mobilisation des investissements dans les énergies renouvelables et l’économie océanique, deux secteurs identifiés comme des piliers de la croissance future.