La Société financière internationale (SFI), filiale du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, prépare un financement pouvant atteindre 88,34 millions de dollars en faveur de la filière cacao en Côte d'Ivoire, particulièrement du groupe Guan Chong Berhad (GCB). Cette opération vise à financer la deuxième phase d’extension de l’usine de transformation de cacao de San Pedro, mise en service en 2023.
Le financement envisagé s’inscrit dans une stratégie de renforcement de la transformation locale du cacao ivoirien, un enjeu majeur pour le premier producteur mondial. Le montage financier comprend un prêt senior sécurisé de 45 millions d’euros issu des fonds propres de la SFI, auquel s’ajoute une participation au risque non financée de 30,25 millions d’euros. Cette dernière s’inscrit dans le cadre d’un programme structuré de financement du commerce pouvant atteindre 60,5 millions d’euros, organisé en partenariat avec une banque commerciale internationale.
À travers cette opération, l’essor industriel de Guan Chong Cocoa Côte d’Ivoire et de GCB Cocoa Singapore, filiales du groupe GCB, l’un des plus grands transformateurs de cacao au monde, bénéficiera d'un appui solide. L’usine de San Pedro occupe une place stratégique dans le dispositif de transformation du cacao destiné à l’exportation. Son extension devrait permettre d’augmenter les capacités de broyage et de transformation, tout en améliorant l’intégration de la chaîne de valeur locale. Les retombées attendues sont multiples. Pour les producteurs ivoiriens, l’agrandissement de l’usine devrait faciliter l’accès aux marchés internationaux, notamment en renforçant la demande pour des fèves de cacao certifiées durables.
La montée en puissance de la transformation locale contribuera également à accroître la valeur ajoutée nationale, en limitant l’exportation de matières premières brutes au profit de produits semi-finis et finis. Par ailleurs, le projet devrait générer de nouveaux emplois directs et indirects, tant au niveau industriel que dans les activités connexes de la filière. Au-delà des aspects économiques, l’initiative met un accent particulier sur la durabilité environnementale et sociale. L’extension de l’usine s’inscrit dans une démarche visant à consolider la position de la Côte d’Ivoire sur le marché mondial du cacao tout en promouvant des pratiques responsables. Les acteurs impliqués devront se conformer aux sept exigences du Règlement de l’Union européenne sur la déforestation. Celles-ci portent notamment sur le respect des droits d’utilisation des terres, la protection de l’environnement, les droits du travail et des tiers, les droits de l’homme, ainsi que le respect des règles en matière de fiscalité, de lutte contre la corruption et de commerce.
Cette exigence de conformité intervient dans un contexte où la Côte d’Ivoire joue un rôle central dans l’économie mondiale du cacao. Le pays fournit environ 40 % de l’offre mondiale. Selon les données de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), la production ivoirienne a atteint 1,67 million de tonnes lors de la campagne 2023/2024 et près de 1,85 million de tonnes en 2024/2025. "En soutenant l’extension de l’usine de San Pedro, la SFI et le groupe GCB contribuent ainsi à renforcer la compétitivité de la filière cacao ivoirienne, tout en répondant aux nouvelles exigences internationales en matière de durabilité et de responsabilité", a-t-on aussi expliqué.
Notons enfin que l'histoire du groupe GCB a débuté au début des années 1980, avec une activité principale de négoce de fèves de cacao. En 1983, il a lancé la transformation des fèves de cacao en implantant sa première usine. En 2006, le groupe a réalisé d'importants progrès dans l'expansion de sa présence mondiale en acquérant une participation de 49 % dans Carlyle Cocoa Co., LLC, Delaware, par l'intermédiaire de sa filiale à 100 % GCB America, Inc. Par ailleurs, le groupe s'est tourné vers les consommateurs finaux en produisant du chocolat et des boissons chocolatées sous l'égide de sa division agroalimentaire, GCB Foods. En août 2019, GCB a annoncé son investissement dans une nouvelle usine de transformation du cacao en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao. Cette nouvelle usine a une capacité de broyage de 60 000 tonnes par an et a été mise en service au premier trimestre 2021.
