L’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) affirment franchir une nouvelle étape dans leur coopération pour le renforcement des systèmes de santé en Afrique subsaharienne. Le mardi 14 octobre 2025, en marge du Sommet mondial sur la santé à Berlin, les deux institutions ont annoncé la signature d’un accord visant à accélérer la transformation numérique du secteur. D’un montant de 8 millions d’euros, ce programme, déployé sur la période 2025-2028, entend poser les bases d’une santé connectée, interopérable et sécurisée sur le continent africain.
L’initiative vise avant tout à accompagner les pays africains dans l’adoption de solutions numériques communes, notamment à travers le Réseau mondial de certification sanitaire numérique (GDHCN) de l’OMS. Ce dispositif permettra de vérifier de manière fiable les certificats de santé numériques — vaccination, tests, antécédents médicaux — en s’appuyant sur des normes internationales strictes de confidentialité et de protection des données. Inspiré du certificat numérique COVID de l’UE, qui a facilité la circulation sécurisée des voyageurs dans 76 pays, le GDHCN veut désormais s’inscrire dans la durée, notamment en modernisant le certificat international de vaccination (le « carnet jaune ») à l’ère numérique.
L’OMS apportera à ce partenariat son expertise technique et normative, en coordination avec des institutions régionales comme le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC). L’objectif est clair : rendre les systèmes de santé africains plus résilients, plus efficaces et davantage centrés sur les patients, tout en améliorant la préparation aux pandémies. Le modèle repose sur une approche volontaire : chaque État conserve la maîtrise de ses données personnelles, mais s’engage à adopter des standards communs pour faciliter la coopération internationale.
Cependant, le défi africain reste considérable. Seuls quatre pays de la région (Bénin, Cap-Vert, Seychelles et Togo) avaient, jusqu’ici, rejoint le réseau de certification numérique européen. L’accord UE-OMS entend donc combler ce fossé en fournissant un appui technique, des outils de gouvernance et des formations adaptées aux réalités locales. Le projet mettra également l’accent sur l’amélioration des infrastructures essentielles — connectivité, registres de santé, identité numérique et systèmes d’information — sans lesquelles la transformation numérique ne peut réussir.
Cet investissement s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Team Europe », qui promeut un partenariat renforcé entre l’Union européenne et l’Union africaine en matière de santé. Il s’aligne également sur la stratégie « Global Gateway », par laquelle l’UE soutient la création d’écosystèmes numériques durables dans les pays partenaires. Si les 8 millions d’euros ne sauraient suffire à moderniser à eux seuls les systèmes de santé africains, ils constituent un levier stratégique pour mobiliser d’autres financements et impulser une dynamique régionale.
La réussite du programme dépendra toutefois de la coordination entre les différents acteurs : ministères de la santé, agences numériques, régulateurs de protection des données et partenaires techniques. En misant sur la formation, la gouvernance des données et l’intégration des outils numériques dans les pratiques cliniques, l’accord UE-OMS pourrait permettre à l’Afrique subsaharienne de gagner plusieurs années dans la construction de systèmes de santé robustes, transparents et centrés sur les citoyens. Un pas décisif vers une souveraineté numérique au service de la santé publique.