Selon l’Union africaine, la collecte et la mise à disposition, à l’échelle appropriée, de données et d’informations géoscientifiques systématiques sur l’ensemble du continent pourraient transformer en profondeur la prospection minière. Mieux exploitées, ces données favoriseraient l’augmentation des investissements privés dans l’exploration et le développement minier. D’où l’urgence, soulignée par l’organisation panafricaine, d’accélérer la numérisation des informations minières.
Malgré un sous-sol exceptionnellement riche — de l’or aux minéraux critiques indispensables aux transitions énergétiques — l’Afrique ne capte encore que 10 % des dépenses mondiales consacrées à l’exploration minière. Pour inverser cette tendance et mieux positionner le continent sur l’échiquier mondial, plusieurs pays misent sur la dématérialisation et l’accessibilité des données géologiques.
La numérisation des données minières n’est pas une idée nouvelle en Afrique, mais elle connaît aujourd’hui une accélération. La Namibie a ouvert la voie dès 2003 avec Earth Data Namibia (EDN), un logiciel permettant la diffusion en libre accès des données d’exploration. L’Afrique du Sud a suivi en 2011 avec la plateforme SAMRAD, offrant une cartographie complète des ressources minérales nationales. En Tanzanie, le Geological and Mineral Information System (GMIS) a vu le jour en 2015, tandis que le Botswana et le Malawi ont respectivement lancé leur Geological Portal et le projet GDMIS en 2016 et 2018.
Plus récemment, le Nigeria a marqué un tournant en mai 2024 avec le Nigerian Mineral Resources Decision Support System (NMRDSS). Cet outil interactif donne un accès libre aux données minières et facilite l’identification des gisements par les investisseurs. La République démocratique du Congo (RDC) a aussi franchi un cap important en s’associant à la société américaine KoBold Metals dans le cadre d’un accord global visant à moderniser son secteur minier. L’un des volets clés de ce partenariat est la numérisation exhaustive des données géologiques et minières du pays, une démarche qui s’inscrit dans la dynamique régionale d’ouverture des données.
La République centrafricaine (RCA) emboîte le pas en 2025 avec un ambitieux projet de système d’information géologique numérisé et de cadastre minier électronique intégré à un système d’information géographique (SIG). Ce programme bénéficie déjà d’un financement de 6,4 millions USD octroyé par la Banque mondiale en mai. Toutes ces initiatives convergent vers un objectif commun : rendre les données minières accessibles librement et gratuitement au public. Cette transparence est considérée par les experts comme un levier majeur pour attirer des capitaux, réduire les risques perçus par les investisseurs et dynamiser la prospection.
L’Union africaine rappelle dans son rapport Africa Mining Vision : African Minerals Governance Framework que la maîtrise et la diffusion des données géoscientifiques constituent un pilier incontournable pour bâtir une gouvernance minière performante et durable. À l’heure où la compétition mondiale pour les ressources stratégiques s’intensifie, l’Afrique joue ici une carte décisive pour transformer son potentiel minier en véritable moteur de développement économique.