Le démarrage de la raffinerie Dangote, d'une capacité de 650 000 barils par jour, a redéfini les ambitions de l'Afrique en matière de raffinage, créant un nouveau centre névralgique pour l'approvisionnement en produits pétroliers en Afrique de l'Ouest et au-delà.
En tant que plus grande raffinerie à train unique du continent et l'une des plus avancées technologiquement au monde, nombre d'observateurs soutiennent que Dangote représente un tournant pour l'autosuffisance énergétique de l'Afrique, réduisant la dépendance vis-à-vis des importations et redéfinissant les flux commerciaux traditionnels dans le bassin atlantique. La raffinerie a déjà commencé à exporter des produits raffinés, les premières livraisons indiquant une diversification des destinations, des marchés régionaux africains vers l'Europe et l'Asie.
Ces développements marquent le début d'une nouvelle ère pour les flux de pétrole brut et de produits pétroliers, ainsi que pour les stratégies de monétisation nationale. La capacité de l'installation à traiter une gamme de bruts nigérians et d'autres bruts légers et doux a des implications profondes non seulement pour le secteur amont du Nigeria, mais aussi pour les producteurs de pétrole du golfe de Guinée, ce qui pourrait entraîner des changements dans les plans de production, les investissements dans les infrastructures et la dynamique commerciale régionale.
Au-delà de la restructuration des marchés du pétrole brut et des produits pétroliers, la raffinerie a aussi un impact sur la qualité des carburants et les normes environnementales dans la région. La configuration ultramoderne de Dangote lui permet de produire des carburants conformes à la norme Euro V, ce qui constitue une avancée majeure pour les pays qui dépendent depuis longtemps d'importations de moindre qualité. Cela crée de nouvelles opportunités pour les gouvernements d'Afrique de l'Ouest de renforcer les spécifications en matière de carburants, d'améliorer la qualité de l'air urbain et de réduire leur exposition à la volatilité des chaînes d'approvisionnement mondiales.
Une session dédiée à l'AEW 2025
A noter que l'African Energy Week (AEW) 2025 mettra l'accent sur l'évolution du paysage raffinerie en Afrique de l'Ouest avec un atelier consacré à « La raffinerie Dangote et son impact sur l'équilibre raffinerie en Afrique ». Organisée par la Chambre africaine de l'énergie (AEC) et S&P Global Commodity Insights, cette session aura lieu le lundi 29 septembre et réunira les principaux acteurs du secteur et les décideurs politiques pour une discussion animée sur l'un des projets les plus transformateurs du secteur pétrolier et gazier du continent.
L'atelier explorera également l'impact plus large de Dangote sur les infrastructures de raffinage existantes en Afrique. Avec des raffineries vieillissantes et sous-utilisées disséminées sur tout le continent, l'émergence d'une méga-raffinerie capable de répondre à la demande nationale et régionale pose des questions importantes pour les installations existantes. Vont-elles se moderniser, se repositionner pour répondre à des besoins de niche ou fermer complètement face à une concurrence plus efficace ? La discussion portera sur les réponses stratégiques apportées par les compagnies pétrolières nationales et les opérateurs privés alors qu'ils entrent dans cette nouvelle ère du raffinage.
Mais Dangote fait aussi face à des défis inattendus. Le mardi 22 juillet, à Abuja, lors de la « West African Refined Fuel Conference », l’homme d’affaires nigérian dénoncé l’afflux massif de carburants russes à prix cassés. Selon lui, ces produits, souvent toxiques, ne respectent pas les standards en vigueur en Europe ou en Amérique du Nord. Ils représenteraient non seulement une menace pour une industrie de raffinage compétitive sur le continent, mais également pour la santé publique. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 3,7 millions de personnes meurent chaque année de la pollution de l’air, notamment à cause des particules présentes dans les gaz d’échappement.